Une baisse mondiale sensible des tarifs de fret
Depuis plusieurs mois, le marché mondial du conteneur affiche une tendance baissière nette. Selon le plus suivi des indices de référence, le Drewry World Container Index (WCI) s’est établi à 1 669 USD pour un conteneur de 40 pieds, ce qui correspond à un recul d’environ 50 % par rapport à son pic de début 2025.
Sur plusieurs liaisons majeures Asie‑Europe, Asie–États-Unis, Asie–Méditerranée les taux au comptant (spot) ont connu des baisses importantes, en lien avec une moindre demande globale et un excès de capacités dans les compagnies maritimes.
Concrètement : pour des expéditions en conteneurs standard, le coût moyen mondial du fret a retrouvé des niveaux comparables voire inférieurs à ceux d’avant la période de fortes tensions (post‑Covid, perturbations maritimes, etc.). Cette détente générale du marché constitue un signal encourageant, surtout pour les pays importateurs.
Fret maritime : des conteneurs à 2 000 dollars, un vrai soulagement
Selon des données rapportées par la presse économique nationale, les coûts du transport maritime ont chuté, passant pour un conteneur de 40 pieds à environ 2 000 USD, un niveau qui n’avait pas été observé depuis des mois.
Un expert cité dans l’édition du 8 décembre 2025 d’un quotidien économique rappelle que ce niveau marque une baisse de « moitié » par rapport à la même période en 2024. Les grandes routes, telles que celles entre l’Asie (Shanghai) et le Maroc ou l’Europe, affichent des tarifs beaucoup plus accessibles qu’en pleine crise post‑Covid puis en plein choc de la guerre en Ukraine. Dans un climat où chaque dollar économisé peut influer sur le coût final pour le consommateur marocain, ce recul tarifaire tombe à point nommé.
Pour les importateurs et exportateurs marocains, c’est presque une bouffée d’oxygène. Moins cher d’acheminer des marchandises qu’il s’agisse de matières premières, de biens manufacturés ou de produits finis signifie qu’une partie des tensions inflationnistes pourrait être atténuée.
Une opportunité pour l’économie nationale à condition de l’exploiter
L’enjeu dépasse le simple confort tarifaire. Pour le Royaume, ce qui est en jeu, c’est la compétitivité structurelle. En effet, le Maroc, via ses ports atlantiques comme Port de Casablanca, Port d'Agadir ou le projet Port Dakhla Atlantique, pourrait tirer profit d’un repositionnement stratégique.
Depuis le 1ᵉʳ mai 2025, la mer Méditerranée est classée comme zone de contrôle des émissions (ECA), avec un seuil maximal de soufre pour les navires ramené à 0,1 %. Cette contrainte pousse certains opérateurs à éviter les routes méditerranéennes traditionnelles pour privilégier des trajets plus longs, par le cap de Bonne‑Espérance ou via l’Afrique de l’Ouest. Résultat : un flux accru vers les ports de l’Atlantique et potentiellement une montée en puissance du rôle du Maroc comme plateforme stratégique.
Plus qu’un simple effet de mode, c’est une reconfiguration des corridors maritimes mondiaux qui est à l’œuvre avec des gagnants possibles parmi les nations bien positionnées.
Des ombres au tableau — volatilité et incertitudes persistant
Mais attention : cette embellie tarifaire ne garantit pas un avenir sans nuages. D’abord, les grands opérateurs maritimes selon des analystes supportent aujourd’hui des tarifs souvent inférieurs à leur seuil de rentabilité. La pression est donc grande, ce qui pourrait mener à des ajustements soudains si la demande remonte ou si les capacités excédentaires s’épuisent.
De plus, les précédents récents ont montré à quel point le marché peut basculer : en 2025, certaines routes entre la Chine et le Maroc ont vu des hausses de 160 % à 240 % après des tensions en mer Rouge une flambée spectaculaire qui rappelle que la stabilité est fragile.
Enfin, l’impact réel sur l’inflation ou les prix domestiques au Maroc reste modéré dans l’immédiat. Comme le souligne l’expert interrogé : la baisse du coût du fret joue un rôle important, mais d’autres facteurs production, logistique interne, taux de change continueront à peser sur les prix à la consommation.
Ce revirement du marché maritime fait naître de façon rare un véritable espoir économique pour le Maroc : baisse des coûts d’importation, préservation des devises, dynamisme logistique, repositionnement stratégique vers l’Atlantique. Mais l’opportunité est fragile. Pour en tirer pleinement profit, le Royaume doit transformer ce contexte favorable en plan d’action concret développer ses infrastructures portuaires, encourager les flux, favoriser la relance industrielle. Autrement, ce regain pourrait bien ressembler à un simple répit. Dans un monde en perpétuel mouvement, la marge de manœuvre est minime et la vigilance plus que jamais de mise.